Être femme, vivre mère : et le couple dans tout ça ?

Qu’il soit issu :

  • D’une envie viscérale d’être enceinte, d’avoir un enfant
  • D’un phantasme de fusion avec l’être aimé pour n’être plus que 1
  • D’une pression culturelle, parce qu’il faut avoir un enfant
  • D’un besoin d’obtenir un statut social

L’enfant est là. Et la vie ne sera jamais plus comme avant.

Devenir mère

Face à la mère, cet être humain en devenir, dont la survie dépend entièrement d’elle. Cette personne devient sa préoccupation principale, en symbiose, il va falloir du temps à chacun pour reprendre possession de son corps et redevenir un. Lentement les choses vont se mettre en place, trouver ses repères et faire le deuil de ceux d’avant… Avant la grossesse, avant l’arrivée de l’enfant. Parce que plus rien ne sera comme avant.   

Quel est le rôle de l’entourage lorsqu’on devient mère ?

Si le partenaire est présent, quelle place aura-t-il ? Saura-t-il envelopper sa compagne de ses bras afin qu’elle-même enveloppe l’enfant des siens ? Sera-t-il là pour la rassurer dans ses compétences ? Et lui, aura-t-il confiance en ses compétences de père ? De même si c’est une compagne.

Si la mère est seule, aura-t-elle un soutien de son entourage ?

Parce que nous sommes dans une société de performances, d’évaluation, de vulgarisation des connaissances, les parents ont peur. Peur de mal faire et ils recherchent sans cesse des réponses, des apprentissages afin de les conforter dans ce qu’ils font au risque d’oublier ce qu’ils sont et l’essence même de la venue de cet enfant à savoir le couple.

L’enfant devient omniprésent, et le temps du couple est souvent tronqué.

La maternité et le couple

Le couple c’est ce partage de la vie, être ensemble, faire ensemble, porter ensemble cet enfant. Être une équipe parentale.

[ A lire et écouter : Podcast expert : La sexualité pendant la grossesse ]

 Et la mécanique du couple, donc l’entente parentale, est liée à sa sexualité. La sexualité est un besoin primordial dans l’équilibre de la personne, elle permet de se sentir aimé et d’aimer en retour, elle apaise les tensions qu’elles soient physiques ou psychiques. Mais pour vivre sa sexualité il faut être disponible à soi, à l’autre. Alors comment faire quand un nouveau-né, un bébé, un enfant accapare tout le temps ?

Physiologiquement le corps de la femme est programmé pour la reproduction. Au départ les accouplements avaient lieu uniquement au moment de l’ovulation. Puis progressivement la sensualité est apparue, les sentiments, l’amour et la sexualité est devenue un moment de partage, de plaisir, d’expression. Mais il est resté dans l’inconscient ce côté de l’utilité de la sexualité dans la reproduction et il est parfois difficile de se laisser aller à vivre ce moment de détente et de plaisir sans culpabilité.

La jeune maman et le sexe

Il faut savoir que c’est à partir du moyen-âge, avec l’avènement des religions et le développement de la médecine, que la femme a été vraiment cantonnée dans son rôle de reproductrice. De ce fait elle s’est retrouvée à la maison, assignée aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants, dépendante de l’homme matériellement ; ce qui permettait, à l’époque, aux hommes d’être sûrs de leur descendance. La sexualité n’était présente que dans un seul objectif : procréer.

Puis l’amour courtois est arrivé et la sexualité a pris une autre dimension. On a parlé d’amour. Mais il est resté dans un petit coin de la tête cette dimension sacrificielle de la femme à devenir mère. 

Comment faire avec cette culpabilité de « laisser » l’enfant pour recevoir et donner du plaisir ? Cette culpabilité d’égoïsme pour du temps uniquement pour soi-même ?

Cette culpabilité est là parce que la société a maintenu la femme dans ce sacrifice maternel, tout ceci est culturel, éducatif. Le bien-être sexuel apporte douceur, sérénité, patience et amour. Il nourrit la force du couple et donc de l’équipe parentale.

[ A lire aussi : Grossesse et sexualité ]

Mais la sexualité n’est pas linéaire, elle évolue et ne sera pas forcément celle d’avant la grossesse. Elle n’est pas nécessairement « un pénis dans un vagin », ça se sont des croyances véhiculées par une sexualité masculine. Elle utilise non pas les 5 sens mais 10 ! Je touche, je suis touché-e ; je regarde, je suis regardé-e ; je parle, j’écoute ; je goûte, je suis goûté-e ; je sens les odeurs, je suis ressenti-e dans mes odeurs. Il existe donc une multitude de sexualité ! Tout est normal à partir du moment où cela est fait dans le respect et le consentement.

Physiquement il faut 40 jours au corps féminin pour se remettre d’un accouchement. Date à laquelle a lieu la visite post-natale ! Il faut du temps pour que l’utérus reprenne sa place, que le col de l’utérus se referme, que la muqueuse vaginale se cicatrise. La femme sent bien souvent un relâchement dans son corps, une grande fatigue. Durant ce premier mois, elle a besoin de beaucoup de repos, de se régénérer. Elle reprend contact avec son corps. Sa sexualité va être plus orientée vers de la tendresse, des caresses, de l’enveloppement. Elle est en hypervigilance envers son enfant alors elle ne peut pas s’occuper de son/sa partenaire. C’est pour cette raison que parfois le père se sent délaisser.

Comment prendre soin de son couple lorsqu’on a d’autres préoccupations ?

Les mamans solos expliquent qu’elles ne vivent pas cette pression et que cela libère de ne pas se sentir presser de devoir reprendre la sexualité. Car la sexualité est un vrai sujet de tension dans le couple !

Le maître mot est donc le dialogue, expliquer le processus physiologique et prendre le temps. Réinventer une sexualité plus adaptée à la situation actuelle. Le/la partenaire doit gérer sa frustration et la femme/mère se laisser aller à cette possibilité du plaisir sans culpabilité de s’éloigner juste un temps de son enfant. 

Il faut oser en parler à un professionnel de santé formé en sexologie afin d’apaiser les tensions qui pourraient en découler et prévenir de la charge mentale. Les mentalités sont en pleine évolution et je vois souvent de jeunes mères complétement perdues dans cette nouvelle vie, pas vraiment préparées à ce déferlement d’émotions bien souvent idéalisé.


Article rédigé par Sophie Donon, Sage-femme et Sexothérapeute

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