Le Père Noël passera-t-il cette année ?

«L’esprit de Noël» vient envahir la ville : lumières scintillantes, bonhommes de neige, cabanes de bois, sapins, sans oublier la star : le Père Noël.

Cette période amène également avec son lot d’interrogations et de souvenirs plus ou moins nostalgiques liés à Noël.

Faut-il encore croire au Père Noël ou prévenir votre enfant de cette «supercherie devenue trop commerciale» ? Pourquoi ? Jusqu’à quel âge ? La majorité des adultes se rappellent avec plus ou moins de précision le jour où ils ont cessé de croire au Père Noël. Mais pour les enfants, que faire ?

Le Père Noël : Super Star !

Pourquoi le Père Noël fait-il couler tant d’encre ? La Petite Souris qui vient échanger les dents de lait contre un sou n’a pas droit à pareil engouement ! Seulement voilà, la période de Noël est un moment clé. Tous les adultes ont un souvenir, une anecdote sur Noël, un événement heureux à raconter, à commencer par la distribution des cadeaux.

Le 25 décembre, chaque adulte redevient, en quelque sorte l’enfant qu’il a été. Inconsciemment, il se remémore les détails pour revivre ces doux moments liés à l’enfance.
Par exemple, il choisira un décor de Noël «comme quand j’étais petit» ou bien il préparera un plat spécifique «comme quand j’étais petit».
C’est une véritable réminiscence de l’enfance, un moment particulier qui surgit par-delà nos barrières psychologiques de l’inconscient. C’est peut-être le seul moment de l’année pendant lequel l’enfant qui est en nous a un droit de parole. 

Mythe de la générosité

C’est également une période liée au mythe de la générosité. On raconte qu’il existe dans un pays lointain un vieil homme qui distribue des cadeaux aux enfants sages. Il se nomme Père Noël. Il offre des cadeaux. Or, nous savons que derrière chaque Père Noël se cache un parent généreux qui souhaite faire plaisir à son enfant, sa famille, son entourage. Il n’est pas rare que ce parent fasse des kilomètres pour trouver «Le» cadeau tant désiré : «C’est une fois dans l’année, je peux faire ça pour mon enfant». Ce qu’il y a d’encore plus charitable, c’est que ce même parent taira la provenance du cadeau au profit de ce «Grand-Père» généreux, le Père Noël.

Durant cette période, c’est comme si le temps n’existait plus. Tout le monde pense à sa table, son repas de Noël, ses cadeaux et s’affaire à sa réalisation. Comme s’il s’établissait une «trêve» par rapport aux soucis humains. De grandes légendes sont nées à cette époque. Par exemple la trêve de Noël durant la Première Guerre Mondiale où les combats se sont arrêtés durant la nuit de Noël et des fraternisations se sont créées comme par magie entre les soldats.

Le Père Noël existe-t-il ? Si non, faut-il le dire ?

Pourquoi devrait-on par conséquent vendre la mèche et dire que le Père Noël n’existe pas ? Pourquoi priver le jeune enfant d’un moment magique d’onirisme et d’imagination ?

Pour certains, c’est un moyen de préparer l’enfant à la vraie vie, ne pas l’habituer à des mensonges inutiles et lui dire que la vie n’est pas rose.
A mon avis, c’est une erreur. Il faut donner la possibilité à l’enfant de rêver, de laisser parler son imagination sur l’arrivée du Père Noël. Il faut le laisser s’imaginer la façon dont les jouets sont fabriqués, par des lutins, des robots ou autres. Comment il fabrique ses jouets, comment il fait pour se souvenir des adresses et de toutes les listes de jouets des enfants.

L’enfant aura largement l’opportunité de s’apercevoir que le monde n’est pas parfait. Donc laissez-lui le temps de rêver et de laisser libre cours à sa naïveté. Certains parents culpabilisent pourtant car ils pensent qu’ils mentent à leurs enfants en entretenant son existence. Cessez de culpabiliser! Le Père Noël n’est pas un mensonge, c’est une légende, un mythe. De plus, l’enfant a besoin de cette période pour grandir. Jusqu’à 6 ans, il est dans une phase dite de la pensée magique. Une phase où l’imaginaire a un fort pouvoir de persuasion. La limite entre le réel et l’imaginaire est floue. C’est pour cette raison que la croyance du Père Noël fonctionne !

C’est au parent de se réconcilier avec l’enfant qu’il a été

La question de l’existence du Père Noël est directement liée à l’enfance du parent.
S’il a eu des bons souvenirs, il les transmettra. Si c’est une époque lourde en souvenirs négatifs, il aura tendance à nier cette période.

Pour le bien être de son enfant, il est important que le parent fasse abstraction de l’enfant qu’il a été pour qu’il donne la possibilité à son enfant d’acquérir des souvenirs positifs autour de Noël.
Le parent doit se détacher, faire la paix avec ses souvenirs pour faire table rase afin de construire de nouveaux souvenirs avec son enfant.
S’il ne le fait pas, il aura tendance à projeter ses souvenirs négatifs dans le cahier de vie de son enfant.

Que faire face aux questions trop invasives ?

La mère de Louis âgé de 5 ans me raconte qu’ils montent dans un bus et s’assoient à côté d’un groupe de jeunes d’environ 8 ans. Ils regardent «le petit» et commencent à avoir une discussion ou plutôt des affirmations : «Le Père Noël, c’est pour de faux, c’est les parents qui achètent les jouets et ils les mettent sous le sapin. Après ils te font croire que le Père Noel existe, mais c’est pas vrai». Panique à bord !
Que penser de cela et surtout comment redonner espoir au petit Louis ? En faisant preuve d’imagination et de persuasion !

A la question : «Finalement, il existe le Père Noël ?», demandez-lui ce que lui en pense. Puis discutez ensemble.
Si vous sentez que votre enfant souhaite encore croire au Père Noël, faites en sorte qu’il continue d’y croire. Et si vous pensez qu’il est avancé dans ses raisonnements par rapport au Père Noël, dites-lui en douceur la vérité. En revanche, ne parlez pas de mensonge.
Faites le entrer dans le «monde des grands» en lui confiant que maintenant il est au courant d’un secret de grand et qu’il est important de le cacher aux plus petits. La notion de transmission les aidera à accepter votre doux «mensonge».

Un Père Noël qui peut en cacher un autre

Ne cédez jamais au chantage affectif sous l’emprise de la colère et dire : «Finis ton repas sinon le Père Noël ne passera pas !» ou encore : «Fais attention, si tu n’es pas sage, le Père Noël le saura et il ne t’apportera pas de jouets. Il voit tout le Père Noël».
Non seulement vous allez instaurer un climat paranoïaque avec l’image d’un Père Noël inquisiteur mais en plus il perdra sa fonction première, celui d’un vieux bonhomme gentil qui distribue des cadeaux. Par ailleurs, vous risquez de vous discréditer car au final, votre enfant aura quand même très probablement un cadeau à Noël. «Pourquoi il y a plein de Père Noël dans les rues ?» Il vous est certainement déjà arrivé de vous promener durant les fêtes de fin d’année et de croiser plusieurs Pères Noël.
Cela vous a peut-être échappé mais certainement pas aux yeux de votre enfant. Il s’interroge sur cette multitude de Pères Noel. Répondez-lui simplement qu’il est peut être très occupé en cette période et qu’il a des gens qui lui ressemblent et qui le remplacent de temps en temps.

Et si l’enfant a plusieurs maisons ? Notamment en cas de parents divorcés. Comment lui expliquer qu’il aura des cadeaux dans les deux maisons ? Dites-lui que le Père Noël connait la situation et ses deux adresses et qu’il répartira en conséquence.

Pour conclure

Enfin, je n’aurai qu’une pensée pour conclure : laisser la magie de Noël opérer, l’enfant a besoin de croire en des choses extraordinaires pour grandir.
C’est une période assez courte qui prendra fin lorsqu’il sera âgé de 7 ans environ avec l’arrivée de la pensée opératoire, autrement dit, la pensée logique.

Profitez peut-être de ces instants pour rêver avec eux.

Article rédigé en collaboration avec Angélique KOSINSKI-CIMELIÈRE – Psychologue clinicienne

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