L’interculturalité dans les soins à l’enfant et à la famille
Catherine BUZY (formateur et infirmière puéricultrice en PMI au Conseil Général de Meurthe et Moselle) raconte, “j’ai suivi une maman africaine qui laissait son enfant de 4 ans faire tout ce qu’il voulait. Lorsqu’elle était occupée ou absente, elle ne se souciait pas de savoir ce qu’il faisait, où il était. Après en avoir discuté avec elle, j’ai compris. Dans son village, tous les adultes sont responsables des enfants, si une maman ne surveille pas le sien elle sait que quelqu’un d’autre s’en occupera.”
Si Catherine BUZY a appris par la pratique à gérer ce type de situations, la prise en compte des éléments culturels des patients est aujourd’hui un élément incontournable. En France, cette thématique est encore jeune ; dans d’autres pays comme les États-Unis, elle est usuelle.
Connaître la culture du patient pour mieux soigner
La notion d’interculturalité dans les soins s’est développée aux USA dans les années 70. Madeleine LEININGER, infirmière anthropologue américaine, est une pionnière dans ce domaine. Elle a mis en place un programme de recherche sur les soins infirmiers transculturels. Un modèle théorique a été développé ainsi qu’une méthodologie de recherche spécifique visant à mieux cerner les composantes culturelles du soin et d’apprécier leur impact sur la santé : c’est l’ethnonursing (Rencontre culturelle entre le professionnel et le patient).
L’infirmière puéricultrice peut être confrontée à une culture qui n’est pas la sienne. L’objectif est donc de lui donner des ressources afin qu’elle puisse identifier et comprendre la culture du patient. Cela permettra d’adapter ses soins afin de tenir compte du sens que le patient donne à sa maladie. Intégrer l’interculturalité dans les soins est essentiel et permet d’améliorer la qualité des soins. Grâce à sa connaissance des caractères culturels du patient qu’il soigne, le professionnel de santé respecte au mieux les valeurs culturelles du patient dans les soins de santé et peut également l’aider à prendre en considération les habitudes les plus adaptées à ses besoins.
Le rôle du médiateur culturel : Les infirmières puéricultrices peuvent également faire appel à des médiateurs culturels “lorsqu’il y a un fossé culturel entre l’équipe soignante, le patient et sa famille et jouer le rôle d’intermédiaire », explique Jenna FOUILLEN, infirmière puéricultrice en néonatologie au CHU de Grenoble. Elle poursuit, « le médiateur culturel connait à la fois les objectifs des équipes soignantes et les particularités culturelles des patients ». Néanmoins, cette demande repose sur chaque soignant et sur la place qu’il attribue à la culture dans la prise en charge de l’enfant et de sa famille.
D’autres outils au quotidien sont plus simples à mettre en place lorsque les professionnels de santé n’ont pas la possibilité d’acquérir les connaissances culturelles nécessaires ou qu’ils ne peuvent pas faire appel à un médiateur : « l’écoute, le respect de l’autre, sont des valeurs essentielles du soin », conclut-elle.
A propos de l’ANPDE : Elle est l’unique association professionnelle française, représentant les infirmières puéricultrices et les étudiants de la spécialité infirmière puéricultrice de métropole et des DROM-COM (Départements et régions d’outre-mer Collectivités d’outre-mer). Ses objectifs sont de promouvoir cette spécialité infirmière, d’en défendre le diplôme, d’engager une réflexion en regroupant les professionnels de terrain et en organisant des journées d’études nationales et régionales permettant l’échange des pratiques. L’association représente près de 3 000 puériculteurs et puéricultrices recensés à ce jour, issus du secteur hospitalier, des établissements d’accueil pour enfants de moins de 6 ans, de services de protection maternelle et infantile, du secteur libéral, des réseaux de soins et de la formation. L’association est attentive à l’ensemble des réformes entraînant une modification de la prise en charge de l’enfant et de sa famille, autant dans le système de soins traditionnel que dans la santé communautaire, afin de garantir la qualité et la sécurité des soins pour cette population particulière, tout en répondant à l’évolution des besoins et des innovations de la société.
Article rédigé en collaboration avec Catherine BUZY – Membre de l’ANPDE, formateur et infirmière puéricultrice en PMI au Conseil Général de Meurthe et Moselle, qui est, dans le cadre de ses fonctions, régulièrement en contact avec différentes cultures.