Prévention des violences sexuelles sur enfant
Le fléau des violences sexuelles touche 1 femme sur 4 et 1 homme sur 6 : attouchement, pénétration, exhibitionnisme, tentative de viol…
Pour beaucoup, l’enfance a été le point d’achoppement. Des enfances spoliées, des jeunesses gâchées, des vies anéanties par des maladies chroniques ou des instabilités psychologiques, telles peuvent en être les conséquences.
Elles sont alors plusieurs associations à recueillir la parole ou à accompagner des victimes. Mais pour l’association Stop au Violences Sexuelles (SVS), il faut aussi agir à la source.
Dès avant la naissance
Le Dr Violaine Guerin, présidente de SVS, explique ainsi : «Notre combat de santé publique commence en maternité. Un projet pilote d’animation d’un atelier avec les couples de futurs parents et des animateurs psychologues se met en place à la maternité de l’Hôpital franco-britannique, à Levallois. Basé sur les échanges de parole, cet atelier doit permettre aux jeunes parents de conscientiser des cadres de référence concernant l’intimité et la sexualité».
En effet, le moment de gestation est souvent vécu comme un moment fort où toutes les projections sont possibles. L’adulte, futur(e) père ou mère peut alors, grâce à ce cadre de parole, prendre conscience de comportements ambivalents et s’en protéger pour protéger son enfant à venir.
Cet espace de dialogue permet alors le (re)positionnement positif des repères du cadre familial de référence et de souligner les responsabilités qui incombent aux futurs parents. Au cœur de cette démarche, l’enfant et son autonomie : «Nous souhaitons lui offrir ainsi un cadre sain», continue Violaine Guerin.
De bons gestes et de bons mots
L’association NatBé (1) organise pareillement une écoute et un accompagnement de la parentalité : conférences, ateliers, discussions (entre futurs papas par exemple) apprennent aux parents à développer le sentiment de sécurité affective chez leur enfant par de bons gestes et de bons mots : «Il s’agira de donner à l’enfant, fort de modèles parentaux, des moyens de se construire en s’appuyant sur un sentiment de sécurité», explique Cyrille de Pontève, ostéopathe et intervenant au sein de NatBé.
Certaines caisses primaires d’assurance maladie (CPAM) prennent aussi le relais, proposant aux familles deux visites à domicile d’un professionnel de santé, formé spécialement à la protection de l’enfance, qui continue d’expliquer les principes d’un cadre familial de référence où chacun doit garder sa place. L’infirmière, sage-femme ou puéricultrice, montre ainsi les bons gestes, particulièrement au moment des soins d’hygiène du nourrisson et les limites à ne pas franchir face à l’intimité du bébé.
Un plan de sensibilisation
Au-delà de la toute petite enfance, l’association Stop aux Violences Sexuelles se projette à cinq ans dans un plan ambitieux de sensibilisation des pédagogues, enseignants, animateurs, éducateurs et parents. Il s’agit qu’ils prennent le relais pour sensibiliser les enfants, dès 3-4, ans sous forme de comptines, d’historiettes où il est question de «Touche pas à mon corps – Mon corps m’appartient – J’apprends ce qui est sain pour comprendre ce qui ne l’est pas». Puis on peut proposer la lecture de petits livres tels que ceux de la collection «Max et Lili», base d’échanges en groupe, guidés par des fiches pédagogiques.
Toute la société concernée
Il ne faut jamais oublier que toute tentative ou attouchement entraine la confusion des sentiments et une ambiguïté chez l’enfant par rapport à des gestes déplacés dont il ne connaît pas les impacts, sachant en plus que dans 80% des cas, l’auteur est soi-disant une personne de confiance. Une prise en charge précoce permet à l’enfant de se protéger, de se soigner et de s’en sortir.
On parle de réparation. Elle passe par la parole, la sensibilisation et la formation des adultes et par un engagement de la société dans des politiques de parcours de prévention et de soins adaptés.
Être attentif
Il s’agit aussi pour tout adulte proche de l’enfant de savoir :
– repérer des signes potentiellement révélateurs (2) : changement de comportement, renfermement, inhibition ou agressivité, hypersensibilité des zones génitales, hyper masturbation, troubles du sommeil ou de l’appétit, régression comme l’énurésie sans autre motif apparent, puis plus tard dépression, automutilation, comportement à risque et développement de maladies auto-immunes ou de blocage corporel ;
– accueillir puis recueillir la parole de l’enfant, de l’adolescent : a-t-il un secret ? A-t-il vu des images, entendu des paroles ? Qui s’occupe de lui ? Et au sport, comment ça se passe ? En même temps, il faut garder la tête froide et ne pas monter des élucubrations sans fondement. Il faut également être attentif aux images qui circulent sur internet et les réseaux sociaux via les smartphones notamment, et veiller à ce qu’ils ne soient pas exposer trop tôt.
Être attentif à son enfant, c’est déjà le protéger.
(1) www.natbe.fr / (2) Pour en savoir plus, voir aussi le site www.violences-sexuelles-info.fr
Article rédigé en collaboration avec Astrid CHARLERY – journaliste spécialisé dans l’enfance