Déni de grossesse : le témoignage d’Amélie, maman qui l’a vécu deux fois
Un épisode de podcast sincère et plein de bienveillance
Et si l’on apprenait qu’on va devenir maman… alors que le bébé arrive dans quelques semaines ?
Dans cet épisode du podcast Parents, Amélie, 28 ans, raconte avec simplicité et recul son histoire singulière. À 18 ans, puis à 22 ans, elle découvre qu’elle est enceinte… à six mois de grossesse. Aucune nausée, aucun ventre rond, aucune alerte. Rien qui ne laissait deviner qu’une vie grandissait déjà en elle.
Sa voix est calme, son récit apaisé. Amélie a bien vécu ses deux expériences, mais elle sait que ce n’est pas le cas de toutes les femmes. Avec douceur, elle souligne combien chaque grossesse non détectée est différente, et combien l’écoute et la compréhension sont essentielles.
Son témoignage met en lumière un phénomène encore tabou : les dénis de grossesse, qui concernent chaque année plusieurs centaines de femmes en France.
Selon l’Association Française pour la Reconnaissance du Déni de Grossesse (AFRDG), entre 600 et 1 800 femmes découvriraient leur grossesse très tardivement chaque année. Beaucoup, comme Amélie, choisissent de témoigner pour que ce phénomène soit mieux compris et surtout, moins jugé.
Qu’est-ce qu’une grossesse non détectée ?
Une grossesse non détectée, qu’on appelle souvent déni de grossesse, se caractérise par une absence totale de conscience de l’état de grossesse. En effet, le corps ne manifeste aucun des signes habituels : ventre plat, règles présentes, poids stable… Parfois, les tests ne sont réalisés que très tardivement, lorsque le terme approche.
Formes partielle et totale
On distingue 2 formes :
- la forme partielle, lorsque la grossesse est découverte après le premier trimestre mais avant le terme ;
- la forme totale, lorsque la femme apprend son état au moment de l’accouchement.
Certaines patientes l’apprennent à l’hôpital, d’autres en pleine urgence obstétricale. Dans les deux cas, le choc est immense, autant physique que psychologique.
À ne pas confondre avec une grossesse cachée
Attention : une grossesse cachée n’a rien à voir. Dans ce cas, la femme sait qu’elle est enceinte mais choisit de ne pas l’annoncer. Dans la grossesse non reconnue, elle l’ignore totalement. Ce mécanisme inconscient agit comme une protection psychique et empêche le corps de manifester les signes classiques.
Une grossesse invisible
Le fœtus peut se développer vers l’arrière, derrière les côtes, ce qui rend le ventre plat. L’utérus s’allonge le long de la colonne vertébrale et la femme continue parfois à avoir des saignements. Souvent, les mouvements du bébé sont confondus avec des troubles digestifs. Dans ce contexte, seul un test de grossesse ou une échographie permettent une confirmation.
Autre particularité : la femme ne ressent pas forcément les mouvements du bébé. Amélie, comme beaucoup d’autres, n’a jamais senti ses enfants bouger avant la découverte de sa grossesse. Car ces sensations peuvent être confondues avec des gargouillis ou des troubles digestifs.
Témoignage : “J’ai découvert ma grossesse à six mois”
Amélie, 28 ans, maman de trois enfants, a vécu deux situations de grossesse invisible. Elle partage son expérience pour briser les tabous.
“On m’a appris que j’étais enceinte de six mois… dans les couloirs des urgences”
“J’étais en apprentissage, j’ai fait un malaise et on m’a conduite à l’hôpital. Après plusieurs examens, le médecin m’a dit, sans ménagement, que j’étais enceinte de six mois. On me l’a annoncé au milieu des urgences, devant tout le monde.”
Le choc est immense. Amélie n’avait aucun symptôme : ses cycles étaient réguliers et elle se sentait bien.
Je ne comprenais pas. J’avais 18 ans, et en quelques heures, ma vie a complètement basculé.
“Le lendemain de l’annonce, mon ventre avait doublé de volume”
Lors de sa deuxième grossesse, Amélie et son conjoint désiraient un enfant. Mais une fois encore, elle découvre tardivement son état. Cette fois, le ventre a mis un peu plus de temps à s’arrondir que pour sa première grossesse.
Pour ma deuxième, j’ai trouvé que le ventre avait eu un peu plus de mal à grossir. Mais en une semaine, j’étais déjà avec mon gros ventre de femme enceinte de six mois.
Un accompagnement médical essentiel
Elle nous confit avoir vécu un choc, une annonce qui change la vie en un instant. En effet, elle ne se projetait pas avec un bébé à l’époque et pensait continuer ses études. Amélie nous dit aussi s’être sentie coupable de ne pas avoir ressenti quoique ce soit pendant 6 mois.
Lors de mon premier déni, on m’a annoncé la nouvelle dans un couloir. Pour le deuxième, j’ai eu la chance de tomber sur une sage-femme bienveillante qui m’a tout expliqué.
Un suivi par des professionnels formés (sage-femme, médecin, psychologue) est primordial. Le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) recommande une approche sans jugement pour aider la femme à intégrer cette réalité.
Pourquoi le corps masque-t-il la grossesse ?
Ce phénomène reste encore mal compris. On sait qu’il s’agit d’un mécanisme inconscient où le corps “met en pause” les signes de grossesse. Dans certains cas, il protège la femme d’un stress ou d’un déséquilibre émotionnel, mais il peut aussi survenir sans cause apparente. Amélie en est la preuve : elle et son compagnon désiraient un enfant, et pourtant son corps a “caché” la grossesse comme s’il décidait de son propre chef. Le déni n’est donc pas toujours lié à un refus de maternité.
Vivre la découverte et accueillir son bébé
Apprendre qu’on attend un enfant à six mois ou au moment de l’accouchement provoque un véritable tsunami émotionnel. Amélie raconte :
J’ai mis du temps à réaliser que mes bébés étaient les miens. Je les regardais en me demandant si c’était vraiment moi leur maman.
(Re)créer le lien parent-bébé
Le lien se tisse progressivement. Le peau-à-peau, les mots doux, l’accompagnement par une sage-femme ou un psychologue périnatal aident à apaiser cette période.
Je parle de mon histoire pour que d’autres mamans sachent qu’elles ne sont pas seules. Ce n’est pas de leur faute”, confie Amélie.
De plus, les associations et la PMI offrent également un accompagnement après la naissance.
Idées reçues à dépasser
Cette situation n’est ni un choix ni une question de volonté. Contrairement aux idées reçues :
- Ce phénomène ne touche pas que les adolescentes : toutes les femmes peuvent être concernées.
- Il n’est pas lié à l’absence de désir d’enfant. “J’ai fait un déni à 18 ans sans vouloir d’enfant, mais aussi à 22 ans alors que je le désirais.”
- Ce n’est pas une maladie mentale, mais une réaction du corps face à un choc ou une tension.
Que faire si vous pensez être concernée ?
Le médecin peut, par précaution, prescrire un bilan complet avec dosage des bêta-HCG, permettant de confirmer une grossesse avant même une échographie. En cas de suspicion de déni partiel, l’échographie d’urgence servira ensuite à dater la grossesse (en semaines d’aménorrhée) et à vérifier la santé du fœtus.
En France, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) n’est autorisée que jusqu’à 14 semaines de grossesse (soit 16 semaines d’aménorrhée). Au-delà de ce délai, une interruption n’est possible qu’à titre médical et exceptionnel, après avis d’un comité pluridisciplinaire. C’est pourquoi, en cas de découverte tardive, le rôle du médecin est aussi d’informer et d’accompagner la patiente dans les différentes options qui s’offrent à elle.
Parlez-en à votre médecin, à une sage-femme ou à un psychologue spécialisé en périnatalité. La PMI et les réseaux de périnatalité peuvent aider à préparer l’arrivée du bébé dans de bonnes conditions.
FAQ – Vos questions les plus fréquentes
Peut-on voir une grossesse non détectée à l’échographie ?
Oui. L’échographie permet toujours de la repérer, mais encore faut-il qu’elle soit prescrite.
Peut-on avoir ses règles pendant une grossesse ?
Oui, des saignements réguliers sont possibles, ce qui entretient la confusion.
Quels sont les risques pour la mère et le bébé ?
Un suivi tardif peut entraîner un faible poids de naissance ou une prématurité. Sur le plan émotionnel, la sidération et la culpabilité sont fréquentes.
Quelle différence entre grossesse cachée et grossesse non reconnue ?
Dans la première, la femme sait qu’elle est enceinte et choisit de le dissimuler. Dans la seconde, elle l’ignore totalement.
Qui contacter pour être accompagnée ?
En cas de découverte tardive, il est possible de contacter un médecin, une sage-femme, un service d’urgences maternité ou directement l’Association Française pour la Reconnaissance du Déni de Grossesse (AFRDG). Cette dernière peut orienter vers des psychologues, sages-femmes et structures d’accompagnement adaptées. Des groupes d’écoute et de parole existent aussi sur les réseaux sociaux et les plateformes spécialisées.
Sources et liens utiles
- Association Française pour la Reconnaissance du Déni de Grossesse (AFRDG)
- Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF)
- Santé publique France – données épidémiologiques
- Inserm – études sur la santé périnatale
À écouter aussi
Retrouvez le podcast complet d’Amélie dans notre série Parents, ils témoignent, et d’autres épisodes sur la maternité, la naissance et le post-partum sur Spotify.
Retrouvez l’ensemble des autres épisodes de podcasts experts et parents d’Enjoy Family !
Sources complémentaires : La maison des maternelles
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