Quand l’enfant n’écoute pas les consignes…

Que se passe-t-il dans la tête d’un enfant ?

Une question à laquelle chaque parent voudrait une réponse ! Savoir ce qui se passe dans sa tête, ça nous ferait parfois gagner beaucoup de temps. On fait des suppositions, on se dit qu’on est persuadé qu’il s’oppose à nous, on croit qu’il se moque… Mais qu’en est-il vraiment ? Ce qui se passe dans son cerveau est-il semblable à ce qu’il se passe dans le nôtre ?

Dès le début de sa vie, le cerveau de bébé se construit. Cette longue aventure de développement prend en compte plusieurs facteurs : tempérament, sensibilité, génétique, histoire… Sans oublier les interactions qu’il vit au quotidien avec les personnes qui l’entourent. Ces interactions sont déterminantes pour la suite de sa vie. Si nous arrivons à comprendre ce qui se passe dans sa tête, nous pouvons adapter nos interactions en faveur de cette construction.

Pour comprendre le fonctionnement du cerveau de l’enfant, il faut savoir qu’il possède une intelligence sensorimotrice. Ce qui veut dire qu’il se développe à travers le mouvement et les gestes. Il ne se fait encore pas d’images mentales. En tant qu’adulte, vous avez la capacité à visualiser ce que l’on vous dit, et à adapter votre comportement.

Que comprendre quand vous demandez à votre enfant de ne pas faire quelque chose, et qu’il le fait ?

Première expérience : vous dites « ne touche pas le mur ». Votre enfant vous regarde, il vous sourit, et il touche le mur !
Votre première réaction : il se moque de moi ! Il fait exprès de faire exactement le contraire de ce que je lui dis. Je t’ai dit de ne pas le faire !
Voici une autre expérience : NE PENSEZ PAS à un éléphant. Vous y avez pensé ?!

L’enfant entend les mots « toucher » et « mur ». Il ne visualise pas encore le geste. Pour montrer qu’il a compris ce que vous lui demandez, il va avoir besoin de toucher le mur ! Il le fera avec le sourire, comme pour vous dire « regarde maman, j’ai compris, je le fais ». Il ne le fait pas par insolence, comme nous avons tendance à le penser.

Si vous réagissez négativement à cette expérience en le « grondant », l’enfant ne va pas comprendre et va se trouver en situation de stress. Il peut même arriver à ne plus gérer ses émotions. 

Comprendre les réactions au stress de l’enfant

Un ordre déclenche chez l’enfant la réaction de stress. Quand vous le regardez avec un regard sérieux et les sourcils froncés, l’enfant comprend et réagit en conséquence.
Face à une situation de stress comme celle-ci, ou toute autre situation qui met l’enfant mal à l’aise, il va avoir 3 types de réactions : L’attaque (mordre, lancer un jouet, taper…), la fuite (partir en courant par exemple) ou l’immobilisation.

Par conséquent, si vous dites à votre enfant « Habille-toi ! » avec un visage ferme, l’enfant va avoir une des trois réactions : Il va lancer ses jouets, ou il va partir en courant, ou encore il reste sans rien faire ! C’est une réaction biologique.
Si vous dites à votre enfant « Habille-toi s’il te plait » avec un visage doux et un sourire, votre enfant aura une meilleure réaction.

Comprendre ce système de stress peut nous permettre d’ajuster nos comportements. Si nous nourrissons le cerveau de l’enfant avec des sourcils froncés, des doigts menaçants, de punitions, de tons secs, nous ne lui permettront pas de se développer. Si nous le nourrissons d’expériences positives, chaleureuses, de réactions aimantes, d’accueil de ses émotions, et que nous lui faisons sentir de l’attachement, nous permettront la sécrétion d’hormones dans son cerveau. Ces hormones favorisent la construction de réseaux de neurones, qui lui permettent de se sentir bien et qui participent à l’élaboration de ses compétences cognitives, c’est-à-dire les fonctions effectuées par la partie supérieure du cerveau.

Alors, plutôt que de lui dire « Donne-moi la main ! » d’un ton sec dans la rue lorsqu’il y a des voitures, et ainsi enclencher une réaction de stress chez l’enfant, nous pouvons essayer de lui dire simplement «reste près de moi, nous allons traverser ensemble » d’une voix douce. Nous pouvons aussi essayer de comprendre l’enfant, de le rassurer et de le consoler lorsqu’il se met à pleurer.

Le besoin de faire le geste

Le cerveau se construit également dans le mouvement. La conscience de la profondeur des champs, l’intelligence, le QI et le QE (quotient émotionnel) se construisent avec le mouvement. C’est pourquoi, s’il ne visualise pas le geste il a besoin de le faire pour comprendre et pour se développer. Ce n’est donc pas par insolence ou par moquerie !
Le cerveau humain est une machine à s’adapter. C’est bien dans l’effort physique que les neurones se connectent. Si dans l’environnement de l’enfant, tout est trop facilité le cerveau ne développe pas de capacité d’adaptation. C’est dans l’exploration et le mouvement libre que l’enfant apprend. Une parentalité qui en tient compte peut ainsi privilégier une interaction plus positive avec le monde extérieur et le mouvement libre. C’est d’ailleurs par les mains que bébé découvre le monde..

Article rédigé en collaboration avec Isabelle Filliozat – Conférence réalisée à bord du Train de la Petite Enfance & de la Parentalité 2017, par Isabelle Filliozat

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