Podcast expert : La colère chez l’enfant, comment gérer ?
Virginie Perbal, sophrologue, coach en parentalité et formatrice petite enfance vous explique comment gérer la colère chez vos tout-petits.
Pourquoi sommes-nous démunis face à la colère de notre enfant ?
La colère chez l’enfant prend généralement des proportions inadaptées pour les adultes. Les enfants se roulent par terre, se mettent à pleurer ou à crier…et l’adulte perçoit cela comme un caprice et va rentrer dans un rapport de force avec lui.
Pourtant un enfant avant 3 ou 4 ans n’est pas dans la capacité de faire des caprices (il n’a pas assez de recul et de réflexion pour anticiper les réactions des adultes).
Les frustrations chez les tout-petits sont nombreuses et ressenties de façons très importantes. C’est un vrai tsunami émotionnel pour eux ! Ils ne peuvent pas contrôler leurs émotions et ont besoin de l’adulte pour les aider à gérer.
Pour Virginie, la colère n’est pas une émotion négative, elle fait partie du développement de l’autonomie de l’enfant et lui permet de s’exprimer.
Comment identifier les situations qui déclenchent la colère ?
La colère va intervenir lorsque l’un des 5 besoins fondamentaux n’est pas respecté.
- L’intégrité physique
- Le besoin d’appartenance
- Aimer et partager
- La liberté
- Le plaisir et les compétences (faire les choses tout seul)
Par exemple : à l’âge de 2 ans, l’enfant a besoin de montrer qu’il peut se débrouiller tout seul, il pourra se mettre en colère lorsque vous allez l’aider à mettre son manteau ou à manger alors qu’il veut le faire seul…
Des situations peuvent aussi être identifiées comme « à risques » :
- Lorsqu’il ne peut pas faire ce qu’il souhaite ou n’arrive pas à le faire
- Lorsqu’il est dépassé par un sentiment d’impuissance, de frustration, de fatigue
- Lorsqu’il manque de mots pour s’exprimer et se faire comprendre
- Lorsqu’il a besoin d’attirer l’attention quand il se sent à l’écart, ou qu’il a l’habitude de la monopoliser…
Lorsque un ou plusieurs besoins fondamentaux n’est pas entendu, le cerveau se met en mode danger. Le corps va alors libérer l’hormone du stress (le cortisol) et cela va générer des comportements impulsifs et nerveux. C’est une réaction neurobiologique normale et l’enfant est incapable de la contrôler.
Comment aider bébé à comprendre et gérer ses émotions ?
Il est fondamental d’aider son enfant à comprendre et distinguer ses différentes émotions.
Relativiser
Il faut essayer de ne pas prendre sa colère et ses crises comme une provocation. L’enfant va modéliser son comportement sur celui des adultes qui l’entourent. C’est pour cela qu’il faut tenter de rester zen et prendre du recul pour gérer la situation. Par la suite, l’enfant apprendra à appréhender positivement ses réactions.
Comprendre son comportement
Pourquoi votre enfant réagit ainsi ? Quels sont ses besoins ? Grâce à ces questions, vous allez vous placer dans une situation d’empathie et de bienveillance.
Est-ce qu’il a bien mangé/bu ? Est-ce que je lui ai apporté assez d’attention ? Est-ce qu’il n’a pas été trop stimulé ?
Il faut essayer de changer son point de vue et tenter de comprendre ce qu’il y a dans sa tête.
Comment arrêter une crise de colère ?
Il ne faut pas vouloir arrêter la colère coûte que coûte. Ce sentiment va avoir tout d’abord une phase de charge, lorsque le stress monte et une phase de décharge lorsque le stress explose. La seule manière pour l’enfant de gérer sa colère va être de pleurer pour libérer le stress accumulé.
Pour parler du stress chez les enfants, Virginie prend l’image d’un gros ballon de baudruche qui se gonfle à chaque frustration et contrariété. Si l’on ne permet pas au ballon de se dégonfler petit à petit, il va exploser.
L‘idée n’est pas de stopper ou d’éviter la colère, mais de l’accueillir. Un enfant qui vit sa colère est en général bien plus agréable et calme une fois celle-ci passée.
Lorsqu’un tout petit part en crise de colère (il libère de la cortisol, l’hormone du stress), le rôle du parent est d’apporter l’antidote (c’est à dire l’ocytocine, l’hormone de l’attachement et du lien social). Concrètement, il faut le prendre dans ses bras avec de l’amour et de l’empathie. S’il refuse, essayez de lui toucher la peau car le contact peau à peau est un outil efficace pour l’ocytocine.
Pour résumer :
- Accueillir son émotion en la nommant : « je vois que tu es en colère ».
- Le contenir en lui faisant un câlin et en maintenant le contact peau à peau.
- Lui proposer une alternative (son doudou, un jeu, chanter une chanson, lire une histoire…)
- Une fois que la tempête est passée, lui rappeler les règles et les interdits (ce qu’il faut faire et ne pas faire)
L’enfant imite ce qu’il voit autour de lui, s’il vous voit régulièrement en colère en criant, il aura tendance à penser que c’est la bonne manière de se comporter.
L’enfant retient davantage ce qui appartient au langage non verbal qu’au langage verbal. Faites attention à vos gestes et réactions en sa présence.
Les 2 livres conseillés par Virginie sur la colère
Le manuel de survie des parents d’Héloïse Junier
Au cœur des émotions de l’enfant d’Isabelle Filliozat
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Podcast réalisé en collaboration avec Gazouyi