Podcast expert : L’alternative aux protéines animales dans l’alimentation de bébé
Emeline Bacot est nutritionniste en libérale depuis plusieurs années et s’est spécialisé dans l’alimentation des jeunes enfants et des femmes enceintes et allaitantes. Elle va nous parler des protéines végétales dans l’alimentation de bébé.
Quels sont les besoins en protéines des tous petits ?
Sur les dernières études parues sur l’alimentation, il ressort que les jeunes enfants ont tendance à avoir des apports en protéines un peu trop importants par rapport à leurs besoins. En effet, ce besoin en protéines n’est pas si élevé que ça chez le bébé.
Sur la journée, la part de protéines dans l’ensemble des besoins nutritionnels d’un bébé jusqu’à 35 mois ne représente qu’environ 10 %. Contrairement aux protéines, un bébé va davantage avoir besoin de lipides (graisse).
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Protéines animales et végétales : est-ce le même apport nutritionnel ?
Pour la plupart des gens, lorsqu’on parle de protéines, on pense à la viande et aux poissons. Or, les protéines ne s’arrêtent pas seulement à cela, et inversement, la viande et le poisson n’apportent pas uniquement des protéines.
Les principales sources de protéines sont connues dans l’esprit des consommateurs, mais il existe des sources secondaires qui cachent des surprises et qu’il faut garder en tête !
Sources principales de protéines
Tout d’abord le lait, qu’il soit infantile ou maternel, est la principale source d’alimentation du tout petit pendant ces premiers mois de vie. C’est une excellente source de protéine !
D’origine animale :
- Viande
- Poissons
- Œuf
D’origine végétale :
- Les légumineuses (lentilles, pois-chiche, haricots rouges, fèves, pois cassés…)
Sources secondaires de protéines
Les produits céréaliers (qui apportent aussi beaucoup de glucides donc à consommer raisonnablement) :
- Riz
- Pates
- Semoules
- Pains
Les produits oléagineux (qui apportent aussi beaucoup de glucides donc à consommer raisonnablement) :
- Fruits à coques (noix, noisettes, amandes…)
- Graines (sésame, quinoa, chia…)
Emeline conseille de jongler entre chaque source à disposition pour profiter de tous les apports en nutriments et de ne pas faire l’impasse sur l’un d’eux. Il y a par exemple les fibres dans les légumineuses qu’on ne retrouve pas dans la viande, ou bien des oméga 3 dans les poissons qui ne seront pas dans les légumineuses.
Elle insiste aussi sur l’importance de la diversification dans les propositions d’aliments à bébé pour qu’il accepte de manger varié.
A partir de quel âge peut-on introduire les protéines végétales à bébé ?
D’après Emeline Bacot, dès la diversification alimentaire, entre les 4 et 6 mois de bébé, vous pouvez proposer l’ensemble des aliments. On a longtemps conseillé les parents d’introduire les aliments petit peu par petit peu pour des raisons d’allergies, mais d’après elle cette période est révolue.
Introduire une grande variété d’aliments, même parfois à potentiel allergène, le plus tôt possible permet de tester et lui apporter une grande quantité de nutriments dès le plus jeune âge.
Quelles sont les recommandations en termes d’apports nutritionnels chez bébé ?
Commençons par le lait, ce n’est pas toujours facile pour les femmes allaitantes de quantifier ce que bébé ingère, qu’il soit maternel ou infantile, elle recommande de ne pas dépasser 800 mL de lait par jour après les 1 an de votre enfant. A partir de cet âge, l’alimentation solide doit prendre le dessus sur l’alimentation lactée.
Pour ce qui est des protéines animales (viande, poissons, œufs), les recommandations en termes de quantité ne s’élèvent qu’à 10 g par jour pour les enfants jusqu’à 1 an ! Puis lorsque bébé grandit, il est conseillé de donner 20 g par jour jusqu’à ces 2 ans, et enfin 30g par jour jusqu’à ses 3 ans…
10 g ne représentent seulement qu’une cuillère à soupe !
Concernant le poisson, n’hésitez pas à varier les espèces et les provenances puisque les goûts sont très différents et aussi car certaines exploitations ne sont pas que bénéfiques (traitements d’élevage, pollution, etc) et ne privilégier qu’une sorte empêcherait bébé d’avoir accès à tous les nutriments qu’apportent le reste des poissons. Emeline précise que les poissons dit « gras » ont de meilleurs en oméga 3 (saumon, truite, maquereaux, sardines…) !
Quelles précautions prendre avec les protéines animales ?
Les précautions à prendre avec la viande, le poisson ou l’œuf vont être concernant la cuisson. Veillez à proposer des aliments bien cuits pour éviter les risques bactériologiques.
Il faut aussi veiller à la forme de présentation des protéines animales. Longtemps les spécialistes recommandaient l’introduction progressive des textures des aliments en commençant par mouliner extrêmement lisse, puis en morceaux etc. Aujourd’hui on parle de plus en plus de Diversification menée par l’enfant (DME) qui consiste à proposer toutes les textures d’aliments et de laisser le bébé se débrouiller (sous surveillance) pour manger et appréhender les textures.
Pour cela, vous pouvez donner de la viande sous forme de morceaux dans un plan, des boulettes ou des omelettes par exemple.
L’acceptation de l’enfant dépendra de ses capacités motrices, de ses capacités de mastication et il ne faut pas se démotiver, vous pourrez essayer plusieurs fois de proposer un aliment à bébé jusqu’à ce qu’il réussisse à le manger.
Le saviez-vous ? Un bébé peut mastiquer avec ses gencives et sa langue.
Attention ! La DME est une pratique à effectuer en accompagnement avec un professionnel de santé pour rassurer les parents sur les risques d’étouffement, les réflexes instinctifs de bébé et ses capacités.
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Quelles raisons peuvent pousser des parents à privilégier les protéines animales pour leur bébé ?
Emeline nous indique que pour les adultes comme pour les enfants qu’elle suit en tant que nutritionniste, ce choix peut être dû à des intolérances ou allergies alimentaires, ou des questions de convictions (écologiques, éthique, de santé) car les parents sont végétariens ou végétaliens et souhaitent que leur enfant ait la même alimentation.
Est-ce qu’une alimentation exclusivement végétale peut être adaptée quel que soit l’âge de l’enfant ?
Pour Emeline, l’importance n’est pas l’aliment consommé mais l’apport suffisant en nutriments (lipides, glucides, protéines, eau, vitamines, minéraux…) dans le corps. Quels que soient les aliments ingérés, si l’ensemble des apports se retrouvent sans carences, alors l’enfant grandira normalement et sainement.
Pour les parents qui font ce choix ou qui ont l’envie de modifier leur alimentation, les choix alimentaires et les quantités seront différentes et adaptées pour rééquilibrer les apports globaux, mais il est tout à fait possible de ne consommer que des aliments végétaux dès la diversification de bébé.
Attention de ne pas tomber dans le piège de supprimer les aliments de sources animales sans adapter et rééquilibrer le reste de l’alimentation. Supprimer la viande, le poisson, les œufs et/ou les produits laitiers ne vont pas sans consommer davantage de légumineuses ou de fruits à coques.