Podcast expert : Le sommeil de l’enfant en 4 questions

Valérie Carlier est conseillère en sommeil et en bien être bébé et enfants de 0 à 6 ans. Elle est fondatrice de l’agence conseil « Le sommeil des ptits loups » et s’est lancé suite à un constat de détresse et d’impuissance des parents qui se sentent démunis face aux problèmes de sommeil de leurs enfants.

Cette spécialiste va répondre aux questions que se posent des parents ou des professionnels de la petite enfance interrogés par Gazouyi.

Question 1 : Si un enfant ne dort qu’en écharpe, comment peut-on faire ?

D’après elle, l’enfant qui s’endort en écharpe n’a pas appris à s’endormir seul. Il ressent donc le besoin de contact avec l’adulte pour pouvoir s’endormir et pour se sentir en sécurité.

Il existe plusieurs soutiens dont peuvent avoir besoin les enfants : le sein, toucher les cheveux de leur maman, tenir le doigt… Et parfois, le doudou peut remplacer petit à petit ces éléments de réassurance.

La compétence de s’endormir seul n’est pas innée et s’apprend. Le but est d’essayer de substituer ce besoin de contact par un outil qui lui permettra de s’endormir seul et de se rendormir seul pendant les réveils nocturnes.

Le rituel avant coucher est important dans le chemin de l’endormissement autonome (avant la sieste et le coucher). Ce rituel permettra à l’enfant de rentrer dans un rythme reconnaissable, de le détendre et de le rassurer. Dès que le rituel sera enclenché, bébé fera l’association avec le dodo qui suivra. N’hésitez pas à communiquer avec votre enfant quel que soit son âge ! Expliquez-lui ce que vous allez faire, rassurez-le.

Enfin, le bébé qui s’endort en écharpe a parfois besoin d’écouter le battement du cœur de l’adulte, c’est-à-dire un bruit dit « blanc » pour atténuer les sons extérieurs. Dans ce cas, vous pouvez essayer de lui proposer des bruits blancs qui l’aideront à se détendre pour s’endormir. Les bruits permettent de lui rappeler les sons qu’il y avait à l’intérieur du ventre de sa maman.

Question 2 : Quand un bébé a des phases de sommeil changeants d’un jour à l’autre, peut-il trouver un rythme de sommeil seul, comment l’accompagner ?

Pour Valérie, il est primordial d’apporter un rythme à l’enfant. Il faut réveiller l’enfant tous les jours à la même heure pour rythmer sa journée. De la même manière, il faut endormir et réveiller l’enfant à la même heure pour la sieste et effectuer les rituels de coucher dans le même ordre.

Ces rythmes pourront petit à petit apprendre au corps à se détendre à des moments voulus, le sommeil deviendra un besoin. Comme les adultes, un enfant qui est fatigué et en manque de sommeil a du mal à lâcher prise et à se détendre pour dormir.

La spécialiste conseille aussi de s’adapter à ce qu’elle appelle « les fenêtres d’éveil », c’est-à-dire les périodes entre 2 dodos où le corps est éveillé. Bien entendu, selon l’âge de l’enfant ces fenêtres d’éveil sont différentes.

Par exemple, un enfant de 6 mois va pouvoir tenir éveiller entre 1h et 2h entre le réveil et le premier dodo, et la dernière sieste ne devra pas dépasser 3 h. Un enfant de 2 ans par contre, peut ne pas avoir besoin de sieste mais de moments calmes, et s’il sieste, il ne faudra pas dépasser 5 h entre la sieste de l’après-midi et le coucher.

Attention ! Un enfant qui ne fait pas de sieste l’après midi ne dormira pas mieux le soir, bien au contraire. Le manque de sommeil l’empêchera de se détendre et le rendra ronchon et capricieux.

Un enfant a un nombre d’heure de sommeil à respecter par jour afin qu’il se développe correctement. Veillez à le respecter au mieux et à vous adapter à son rythme.

D’après Valérie, dans certains cas, il faut savoir réveiller bébé lorsqu’il est parti pour une trop grosse sieste pour équilibrer le sommeil dans la journée et respecter ses « fenêtres d’éveil » comme évoquées plus tôt.

Question 3 : Faut-il laisser pleurer bébé avant de dormir ? Est-ce une bonne chose ?

D’après Valérie Carlier, il faut savoir différencier les différents types de pleurs. Elle différencie les sanglots et lorsque bébé « pleurotte ». Parfois les petits bruits que bébé peut faire pour s’occuper, se chercher et s’endormir peuvent s’apparenter à des pleurs mais c’est pour lui une manière de s’exprimer. Dans ce cas, vous n’avez en effet pas besoin d’intervenir.

Par contre lorsque l’on parle de sanglots, Valérie est de celles qui ne laissent pas pleurer les bébés. Elle explique qu’elle trouve cela déchirant émotionnellement, et que cela impacte un peu le lien d’attachement entre l’adulte et l’enfant car il ne se sentira pas en sécurité. D’après elle, il est préférable d’intervenir et de le rassurer en lui faisant un câlin et de communiquer pour lui exprimer que c’est l’heure de dormir.

Dans tous les cas, il existe plusieurs conseils, plusieurs situations et il ne faut pas culpabiliser si vous intervenez ou si vous testez parfois de le laisser pleurer. C’est de l’apprentissage pour vous comme pour bébé.

Question 4 : est ce une bonne chose d’endormir l’enfant dans le lit des parents et ensuite de le coucher dans son propre lit ?

La spécialiste précise que chaque famille trouve son équilibre et que le problème apparaît lorsque cela est pesant pour la famille. Si les parents sont confortables avec le fait de le faire tous les jours, cela rentre dans le rythme et le rituel de bébé et cela convient à tout le monde.

Cependant, si cette manière d’endormir bébé est occasionnelle, l’enfant ne va pas comprendre et risque de se réveiller dans la nuit pendant ses micros réveils et demander le contact pour se rendormir.

Prévention contre le syndrome du bébé secoué

Valérie Carlier souhaite évoquer le syndrome du bébé secoué en cette fin de podcast. Avant de rentrer dans le détail, définissons ce syndrome, qu’est-ce que c’est exactement ?

Selon la haute autorité de santé, un enfant secoué est un enfant empoigné au niveau du thorax et balancé d’avant en arrière avec un mouvement choquant pour la tête et le cerveau qui se déplace.

Ce syndrome tue 1 enfant sur 10, et sinon peut avoir des conséquences irréversibles sur la santé physique et mentale de l’enfant.

Le saviez-vous ? Le syndrome du bébé secoué est comparé au choc frontal d’un accident avec une voiture roulant à 90 km/h.

La fatigue due au manque de sommeil des parents comme des enfants, et la méconnaissance des différences de pleurs peuvent engendrer ces gestes impardonnables.

[ A écouter aussi : Podcast expert : Comment alléger notre charge mentale en tant que parents ou professionnels de la petite enfance ? ]

La spécialiste du sommeil précise et insiste sur le fait que lorsque vous vous sentez vraiment fatigué moralement, physiquement et émotionnellement, il ne faut pas avoir honte de demander de l’aide. Que ce soit de l’aide d’un professionnel, comme de l’autre parent ou d’un membre de la famille qui pourra s’en occuper pendant que vous vous reposez.

De la même manière, si un professionnel de la petite enfance détecte une détresse ou une souffrance chez le parent, n’hésitez pas à communiquer et échanger avec cette personne pour éviter le plus possible d’en arriver à cette situation dramatique.


GAZOUYI

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