Podcast expert : Le rôle des PMI aujourd’hui

Entretien avec le docteur Anne Le Toret, médecin départemental PMI dans les Côtes d’Armor, lors du congrès EXPLORE, organisé par les Instituts de la Parentalité à Bordeaux en septembre 2023 qui aborde le rôle des PMI.

Définition PMI = Protection Maternelle Infantile

Retranscription de l’entretien avec le docteur Anne Le Toret :

Valérie Sainsimon : Merci docteur de nous accorder cet entretien. Alors la société change, les futures et jeunes parents changent, mais les PMI aussi, il y a des nouvelles approches. Est-ce que vous pouvez nous en parler ?

Anne Letoret : Oui, bien sûr. Bonjour. Alors, en fait, on constate aujourd’hui que les besoins des familles évoluent, que le système autour de nous évolue.

On est parti des services de PMI en 1945 qui ont été créés pour être les placeurs d’enfants, puisqu’on allait chercher les enfants dans les familles, là où les enfants n’avaient plus de réponse à leurs besoins puisqu’on était en après-guerre. Donc on a encore cette image de placeurs d’enfants qui nous restent, mais par contre, on n’est plus du tout des placeurs d’enfants.

On est des professionnels de la santé, des professionnels de la petite enfance, de la protection de prévention, de la protection de l’enfance, pour aller voir comment fonctionner les familles, les comprendre et répondre soit à leurs besoins ou les orienter vers les systèmes qui seront les plus adéquats pour pouvoir répondre à leurs besoins.

Donc les évolutions des services de famille, elles sont vraiment sur une question de posture. On a mis en place en Côte d’Armor le programme PANJO, qui est un programme où on part des besoins de la famille, on parle lui d’un jeu de cartes, on distribue les cartes à la famille, et la famille choisit le thème qu’elle souhaite travailler, souhaite échanger, et ce n’est pas le professionnel qui dit aujourd’hui je vais travailler l’alimentation parce que ce bébé n’a pas l’air de grossir correctement, on travaille vraiment sur les besoins de la famille. En fait on crée un lien de confiance, on travaille sur la notion de l’attachement et on permet à cette famille de se rassurer, de trouver des pistes de travail, de propositions et de s’adapter aux besoins de son enfant et on permet aussi à l’enfant d’exprimer ses besoins.

Donc c’est des évolutions qui sont très intéressantes parce que ça crée une nouvelle dynamique autour de l’équipe de PMI qui va se confronter aux grandes difficultés et à des difficultés des familles, permet aussi de répondre d’ une autre manière et d’être vraiment dans l’alliance, dans le fait de partager ensemble les difficultés et d’essayer ensemble de trouver les meilleures pistes, parce que personne n’a la solution aux difficultés, mais ensemble on va améliorer l’environnement de l’enfant.

Et puis notre grand, grand moteur en PMI, c’est de se dire que le tout petit, on prépare tout ce qui va arriver après. Bien sûr, par le biais du bilan de santé en école maternelle, on ne va plus se tourner vers les troubles des apprentissages pour pouvoir permettre efficacement à cet enfant d’anticiper les difficultés. Et là encore, on ne va pas forcément attendre un diagnostic avant de se dire que cet enfant, s’il fait de la psychomotricité libre, s’il va dans un champ, s’il va en forêt avec son parent, il va travailler sa psychomotricité et du coup il ira mieux, son parent ira mieux et il pourra sereinement aborder l’école par exemple.

Valérie Sainsimon : Alors on connaît la difficulté aujourd’hui d’être parent, même si on a la volonté d’être le parent parfait, ce n’est pas facile. Ce n’est pas facile quel que soit les milieux et du coup la PMI peut être une porte d’entrée qui nous dirige vers les bonnes solutions et nous aide.

Anne Letoret : Oui, alors, parents parfaits, c’est quoi un parent parfait ? Bah écoutez, je ne sais plus tant, fin de carrière, je ne sais pas. Parce que je crois que tous les parents sont des parents avant tout, tous les enfants sont des enfants avant tout. Et c’est une question de rencontre, c’est une question de prendre le temps et de se dire que le passage de nos enfants dans nos vies est tellement court qu’on peut prendre le temps avec eux.

Alors des solutions, oui, bien sûr, des solutions parfois simples de dire, on ne va pas essayer de donner le biberon tout le temps, mettre au sein tout le temps. Et encore, il y a des enfants, ils sont au sein tout le temps, et puis quand on regarde ce qui se passe dans d’autres pays, ils ne fonctionnent pas du tout comme nous. Alors pourquoi on donnerait effectivement, nous, l’impression d’avoir les solutions ? Et je crois que cette approche en PMI, elle est vraiment de faire comprendre qu’il n’y a pas de solution.

Mais par contre, les familles ont les solutions. Il suffit de les rassurer, il suffit de les encourager et dire, creusez cette piste-là, vous êtes sur le bon chemin. Et ça fonctionne, vraiment.

En tant que manager, je fais pareil avec les équipes. Les équipes de PMI, elles ont souvent les solutions à leurs difficultés, mais elles n’osent pas, elles sont inquiètes. On les rassure. Creusez votre idée. Elles sont créatives. Et quand on est créatif, on l’a vu tout le long de ce colloque, on est ensemble et on fait des choses qui peuvent être vraiment de très très belles choses pour les familles.

Alors sûr bien, on ne sera pas les sauveurs du monde, il y aura toujours des difficultés, mais au moins ensemble, on ferait quelque chose de mieux que de faire chacun pour soi, étant persuadés d’avoir chacun la solution.

Collectivement, on a la solution et il n’y a pas de meilleur parent que le parent de l’enfant. C’est ça.

Valérie Sainsimon : Merci docteur

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