PMA ET/OU JOIE

Qui sont ces couples, croisés au salon « Désir d’enfant » ? Hagards, ils déambulent le long des allées tels des fantômes épuisés, main dans la main, les épaules lourdes, les yeux rougis. Ils ne se présentent plus. Depuis des années, ils se vivent clandestins. L’identité de leur amour s’est réduite à un carnet de bal sinistre et froid de rendez-vous techniques, obtenus de longue haleine. Leur langue n’est plus le français mais une longue litanie d’explications et de résultats médicaux martelant, à chaque accent tonique, la culpabilité de l’infertilité. Moi qui ai perdu deux enfants, je trouve mon calvaire bien léger en comparaison à cette lente usure d’un espace désespérément vide où l’espoir ne suffit plus pour rester digne. Il me semble que la perte, elle, est aidée par le temps, la philosophie, le destin. Qui aide le vide ? A partir de quand faire le deuil ? Et quand le partenaire en a assez de cette vie entre parenthèse, que faire ? Continuer seule ? Quel est le sens de tout cela ?

Atelier au Salon Baby Web

Pour en avoir le cœur net, j’ai saisi l’opportunité de ma présence au salon Baby Web en septembre, pour animer un atelier sur « Pourquoi et comment vivre la PMA dans la joie ? ». Et quelle ne fut pas ma surprise de constater la présence de couples qui confirmaient qu’ils avaient fait parti des « morts-vivants » décrits plus haut mais qu’ils en étaient sortis… pour le meilleur.

Ce n’est pas étant malheureux que l’enfant viendra plus vite. 

Il n’y a aucune valeur ajoutée à rester, dans la douleur psychique, à la maintenir ou s’y soumettre. C’est un affront et une pression pour ce bébé imaginaire. Car lui, en priorité, a besoin de joie et de légèreté pour s’incarner, se nicher en vous.

Il y a bien les bébés sauveurs qui ont pitié, les bébés frondeurs qui défient la morbidité mais franchement, ne serait-il pas préférable que ce soit tout simplement des bébés d’amour ?

C’est bien ce que veulent transmettre ces femmes venues témoigner 

«- Ma plongée dans les abysses a duré cinq ans et j’ai emporté mon mari dans cet enfer. Et puis un jour je me suis dit que ce n’était plus possible. Que nous allions tout perdre et nous perdre aussi tous les deux. Alors j’ai dit à mon mari : « Nous allons vivre, rire, faire d’autres projets et on verra bien. Ce n’est pas en étant malheureux que l’enfant viendra plus vite. » Depuis deux ans, nous sortons avec des amis et partons en week-end. La joie est revenue dans notre maison. La semaine prochaine, nous avons les résultats mais quoi qu’il en soit, je sais maintenant que ma vie et ma joie ne dépendent pas de cet enfant. Cet enfant est juste la cerise sur notre gâteau en construction. Et c’est cela qui nous semble juste. »

Rester sur le chemin de la joie

La tristesse est un chemin qui mène dans le mur. Prendre et rester sur le chemin de la joie demande un effort quotidien parce que la réalité et l’entourage n’ont de cesse de vous enfoncer. La joie peut se raccrocher à la beauté. A la beauté des petites choses de chaque instant. La joie ne cherche pas de sens. Elle est créative aussi. Elle peut transformer l’inhumain en beauté sensible. Parce qu’avant tout, vous êtes vivante. Malgré tout.

A lire aussi : « Enchantez vos FIV, PMA et autres acronymes intimes… ».


Article rédigé par Magali Dieux / Naître enchantés

Naître Enchantés

Retrouvez les Lives de Magali Dieux lors du Salon Baby Web

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