Les cafés poussettes, des lieux d’échange, de partage et de découverte
Depuis une dizaine d’années, un nouveau type de café est apparu dans nos villes. Leurs objectifs : permettre aux parents de bébés de profiter de leur(s) enfant(s) et maintenir un lien social. En effet, si la parentalité est une source de joie, il n’est pas rare que des parents renoncent à sortir avec bébé. Ils ne savent pas où aller ni quel accueil leur sera offert et finalement se sentent gagné par un sentiment d’isolement. A l’origine de la plupart des cafés poussettes, on retrouve un désir de partager et de communiquer dans un cadre accueillant.
Qu’appelle-t-on café poussette ?
Les cafés poussettes sont des lieux d’échange pour les enfants et les parents
L’ADN des cafés poussettes, c’est l’enfant et le parent (ou l’accompagnant). C’est autour d’eux que les propositions de service sont conçues.
On y retrouve ainsi des : espaces pour ranger les poussettes, des chaises-hautes, des aires de jeux avec des tapis, des jouets ou encore des tables à langer pour les petits, des coins plus calmes, des activités et du soutien pour les grands.
Les café poussettes sont plus que des cafés. Ce sont aussi et surtout des lieux d’échange, de partage et de découverte pour les enfants et pour les parents.
Les cafés poussettes permettent de sortir de l’isolement
Lorsque bébé arrive, les journées rallongent, les repères changent et petit à petit l’isolement de la maman en congés maternité peut se faire sentir. C’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit du premier enfant de la famille dont l’arrivée chamboule tous les plans. Même si on croyait bien que ce serait différent pour nous…
Les cafés poussettes sont alors des lieux conviviaux où (re)sortir de chez soi avec la certitude d’y trouver un accueil bienveillant. C’est aussi un endroit pour pouvoir discuter avec d’autres parents et découvrir des activités à faire.
Ce n’est pas un hasard s’ils sont créés en majorité par des parents ou par des associations locales.
Les responsables de cafés poussettes témoignent
Deux mamans, chacune à la tête d’un café poussette, nous ont expliqué leur démarche et présenté les services proposés aux bébés et aux parents.
Le café poussette Haricot Magique de Rachida
A l’arrivée de son premier bébé, Rachida Bouganzir a eu la chance de découvrir le seul café poussette bruxellois de l’époque : le Haricot magique. Grâce à lui, Rachida a rencontré des parents qui, comme elle se sentaient isolés. Ils étaient à la recherche d’un lieu où sortir pour parler, échanger, partager entre eux tout en ayant bébé à leurs côtés. Malheureusement, après quelques temps les propriétaires du Haricot-Magique ont décidé de se consacrer à leur vie de famille. Ils ont donc souhaité fermer leur café poussette malgré son succès.
Pour continuer à offrir aux parents bruxellois un lieu convivial, Rachida a décidé de donner une seconde vie au Haricot Magique. L’aventure est en cours et la réouverture prévue en 2019. Le nouvel établissement offrira les mêmes services que l’ancien. On y trouvera en plus de la petite restauration bio créée par une start-up locale, un espace boutique pour trouver des articles de puériculture éthiques et des ateliers thématiques.
Bruxelles est une ville internationale et multiculturelle où beaucoup de jeunes et futurs parents s’installent loin de leur terres d’origines et de leurs familles. Le Haricot Magique était et redeviendra bientôt pour ces parents un lieu unique. Un lieu dans lequel ils pourront retrouver de la proximité, des conseils et des activités pour eux et bébé.
Pour faire connaître son projet et l’aider à le monter, Rachida a suivi une voie originale en faisant appel au financement participatif. Les fonds récupérés permettront de réaliser des travaux d’aménagement et d’adaptation aux tout-petits. De plus, la campagne de financement est une véritable campagne de communication. Cela permet aux participants (et probables futurs clients) de devenir les acteurs de l’aventure et de créer une communauté autour du projet.
L’espace Ilithye, le café poussette de Nathalie
Dans l’espace Ilithye à Vitry-sur-Seine, le café poussette n’est qu’un aspect d’une offre plus large destinée à offrir aux parents tous les services dont ils peuvent avoir besoins, pour eux ou pour bébé. Au côté de l’offre de petite restauration (produits Bio), les parents trouveront une bibliothèque, une conciergerie, un espace nurserie, de larges espaces pour des ateliers avec ou sans bébé et une boutique puériculture/ dépôt vente/ mode enfant. Bref, un lieu complet pour répondre aux questions et aux besoins des parents de bébés.
Nathalie Rosseel, la gérante du lieu, s’est engagée dans l’aventure de la création de l’espace Ilithye en 2018. Son objectif étant d’offrir aux autres parents les informations et opportunités qui lui avaient manquées après la naissance de son enfant. Elle a alors imaginé un espace pour les parents et les bébés. Mais pas que. L’espace Ilithye accueille aussi les amis, avec ou sans enfant, tout en assurant un confort pour tous. C’est presque un espace de loisir « classique ». Avec en plus, la prise en compte des problématiques liées à la présence des tout-petits.
Le café poussette, une structure méconnue et fragile
Cependant, tout n’est pas rose. Nous pouvons constater que de nombreux établissements ferment après seulement quelques années d’existence. Si le marché global des parents de bébés est raisonnablement large pour les cafés poussettes. Avec par exemple près de 700000 naissances en 2018 en France, ils sont confrontés à trois écueils importants :
- une clientèle très locale (à porter de balade en poussette)
- une méconnaissance de la part des parents de l’existence de solution autours d’eux
- l’insuffisance de l’offre « café » pour couvrir les coûts de fonctionnement.
L’exploitation d’un café poussette coûte cher. En effet la majorité des structures vendent des produits haut-de-gamme., les plus sains possibles voire labellisés Bio qui doivent respecter des critères de qualité importants. L’hygiène, et la conservation de grands espaces entre les tables et pour les jeux doivent être respectés.
Pour résoudre ce problème, de plus en plus de gérants, comme nos deux mamans, diversifient leur offre. En effet ils mettent à disposition des boutiques, des ateliers (yoga pré-post natal, langage, cuisine, gym…). Il y a également des consultations de spécialistes (massages, sophrologie, méditation, …), sans oublier pour certain le dépôt de colis…
Une démarche de communication active est également importante pour se faire connaître des parents cibles et des acteurs locaux de la petite-enfance (maternités, crèches, PMI, …). Au-delà du bouche-à-oreille, la proximité avec les médias locaux ou nationaux est déterminante pour se faire connaître et se distinguer. Quelle meilleure publicité qu’un article dans le journal ou un reportage à la télé ?
Les cafés-poussettes sont plus que des cafés
Les cafés poussettes ont bien d’avantages que des cafés traditionnels pour des parents et leurs bébés. Ce sont de véritables centres de vie. Les mamans, les papas, les tatas, les tontons, les mamies, les papys et les nounous peuvent se rencontrer, échanger, apprendre avec bébé.
S’engager dans la création ou la reprise d’un café poussette demande une implication très forte et un grand désir de solidarité envers les autres parents. L’émergence des cafés poussette dans nos villes est un marqueur fort du changement de comportement des parents modernes. Pour ces derniers, la parentalité est « normale » et s’intègre dans un chemin de vie. Elle reflète peut-être aussi le besoin d’une présence humaine pour partager ses doutes, ses expériences et ses astuces entre parents. Mieux vaut échanger avec d’autres personnes qui vivent la même aventure que nous autour d’un chocolat chaud avec son petit-bout dans les bras, jouant en sécurité ou tranquillement endormi à ses côtés, que regarder des tutos sur internet !
Nos deux mamans vous le confirmeront. Il faut avoir envie de donner de son temps, de son énergie et de son argent. Il faut aussi réfléchir son projet dans la durée afin d’éviter les écueils financiers que de nombreux cafés poussettes rencontrent trop souvent.
Article proposé en collaboration avec Olivier Cordin de Je sors avec Bébé