Il faut tout un village pour élever un enfant

« Il faut tout un village pour élever un enfant. » La plupart d’entre nous ont déjà entendu cette phrase, mais qu’est-ce que cela signifie vraiment ? Et d’où vient-elle au départ ?

Une idée d’origine africaine

Bien qu’il n’y ait pas de réponse définitive à cette dernière question, il est communément dit que le dicton est originaire d’Afrique, où nous trouvons de nombreuses variantes de l’idée. Certains l’attribuent au peuple Igbo et Yoruba au Nigeria. Il y a aussi un dicton en swahili qui est assez similaire : « Une main ne soigne pas un enfant. » Et au Soudan, nous avons le dicton : « Un enfant est un enfant de tout le monde. » Ou de la Tanzanie : « Un genou n’élève pas un enfant. »  Il est peut-être naturel que le concept trouve ses origines en Afrique où la culture tribale et la vie villageoise sont depuis longtemps la norme. 

Des éducations différentes

À différentes époques et dans différentes cultures, y compris la nôtre, l’idée que l’éducation des enfants est une responsabilité partagée de toute une communauté a été largement acceptée, bien que plus récemment et progressivement cette idée a été oubliée ou rendue inopérante.

Mes premières années ont été passées dans un quartier en grande partie catholique et italien d’une petite ville des États-Unis. Il était tout à fait accepté que tous les parents dans la rue – y compris les miens, qui n’étaient ni italiens ni catholiques – seraient responsable d’élever tous les enfants qui y grandissaient. Cela signifiait prévenir les mauvais comportements tout comme courir au secours d’un enfant qui avait été blessé ou louer l’action d’un enfant considérée comme généreuse ou compatissante. Partout où les communautés restent fortes, la parentalité communautaire a tendance à prospérer. Mais dans les zones urbaines, où les voisins ne se connaissent souvent même pas, une forme parentale plus individuelle et familiale est devenue la norme. Dans de nombreuses villes modernes, un parent peut même se fâcher si d’autres adultes se chargent de corriger « leur » enfant.

Professionnels, membres de la famille : un village pour contribuer au développement de l’enfant

Les jeunes parents d’aujourd’hui ont tendance à façonner leurs propres communautés qui n’ont peut-être rien à voir avec les quartiers physiques, mais beaucoup plus en lien avec des valeurs partagées et des approches éducatives.

Pour ces parents, le « village » s’étend bien au-delà des autres parents pour englober une variété de professionnels, tels que les instituteurs et les éducatrices, les consultants en santé, en nutrition ou orthophonie, les médecins, les animateurs périscolaire, les baby-sitters, les entraîneurs sportifs ou artistiques, les animateurs de jeunesse des lieux de cultes ou des centres communautaires, les moniteurs des camps de vacances et bien d’autres encore !

Certains d’entre nous ont la chance d’avoir également des membres de leur famille élargie – grands-parents ou tantes et oncles – qui contribuent également à notre « village ». En tant que parents de jeunes enfants, vous pouvez vous retrouver à confier vos petits à une grande variété d’aidants et d’éducateurs, et ces personnes sont votre « village » – ensemble, elles forment l’équipe qui aide à subvenir aux besoins émotionnels de vos enfants pour soutenir son développement : pour un sentiment de sécurité, d’être entendus et compris, affirmés dans leur individualité, encouragés à aller plus loin dans l’acquisition de diverses compétences, à élargir leurs connaissances et leur compréhension du monde qui les entoure, ainsi qu’à apprendre à se connaître en tant que des jeunes dignes de respect.

Coronavirus : le rôle de parent mis à l’épreuve

J’imagine que beaucoup d’entre vous ont peut-être pris plus de conscience de votre « village » et des contributions de ces équipes au cours des derniers mois, une fois que l’épidémie du coronavirus vous en a soudainement privé au mois de mars, d’avril ainsi que début mai.

Confrontés à la nécessité de subvenir à tous les besoins de vos enfants, devant soudainement servir d’enseignants, de compagnons de jeu, d’animateurs et de mentors, tout en essayant – dans de nombreux cas – de maintenir vos propres activités professionnelles, beaucoup d’entre vous se sont sentis dépassés par les contraintes de temps et ont connu une augmentation considérable de votre niveau de stress. Vous avez dû développer de nouvelles stratégies et accepter des compromis inévitables lorsque vous vous êtes rendu compte que le nombre limité d’heures dans une journée ne permettait pas votre pleine attention à tous ces rôles. Et avec ces compromis, est venue, bien sûr, la culpabilité inévitable – le sentiment que vous « devriez » être capable de tout faire et que votre « échec » était en quelque sorte le signe de votre propre défectuosité et indignité en tant que parent.

Coronavirus : Le besoin de faire de notre mieux pour soutenir nos enfants d’une manière inhabituelle

Comment mon cœur a été ému pendant cette période, lorsque j’ai servi avec beaucoup d’autres en tant que répondante sur la hotline d’Enfance et Covid. Cette plateforme avait été mise en place pour soutenir des parents débordés. « A l’impossible, nul n’est tenu », ai-je rappelé de nombreuses fois aux appelants. Que les villages soient des unités géographiques ou des communautés composées d’adultes qualifiés dans divers aspects du développement de l’enfant, les parents ont besoin d’aide pour élever leurs enfants. C’est un fait et c’est une bénédiction parce que les enfants qui grandissent entourés de personnes matures qui sont à l’écoute de leur expérience deviennent des adultes plus forts et plus résiliants. Un ou deux parents trop stressés et surchargés ne peuvent pas faire tout ce travail seul.

Il est trop tôt pour présumer que le confinement est complètement derrière nous. Une deuxième vague de l’épidémie reste une possibilité réelle. Et nous pouvons nous retrouver en tant que familles, une fois de plus, devant le besoin de faire de notre mieux pour soutenir nos enfants d’une manière inhabituelle et surtout pour laquelle nous sommes peu préparés. 

« Personne n’est mieux qualifiés que les parents pour aimer leurs enfant »

En tant que parents, nous ne pouvons pas parfaitement remplir les rôles de toutes les personnes qui nous aident en temps normal pour élever nos enfants.

Que pouvons-nous faire ?

On peut s’appuyer sur l’essentiel : on peut les aimer. Nous pouvons les nourrir, les garder en sécurité et au chaud. Nous pouvons mettre des pansements sur leurs bobos ; les écouter avec compassion quand ils nous racontent ce qui a été dur pour eux pendant la journée ; leur donner un bain ; les accompagner au lit et chanter une chanson de bonne nuit ou encore raconter une petite histoire. Il faut un village pour élever un enfant. Mais lorsque nous vivons des temps exceptionnels et que notre village n’est pas disponible, personne n’est mieux qualifiés que les parents pour aimer leurs enfants. Et c’est ça qui compte. 

Article rédigé par Héléna Snow, ambassadrice d’Ensemble pour l’Education de la Petite Enfance 

logo ensemble pour l'éducation de la petite enfance

Partagez votre avis :

Ces articles peuvent vous intéresser

Les plus populaires