Une obstétrique révolutionnaire avec la patiente-partenaire
On le sait : de plus en plus de femmes souhaitent se ré-approprier leur corps et leur accouchement. A Bruxelles, Caroline Daelemans, inspirée d’Outre Manche a constitué une équipe de nouveaux médecins plaçant les femmes au cœur du processus de la naissance. Explications.
La patiente-partenaire, kesaquo ?
On connait le « patient-expert » qui vit avec une maladie chronique. Il s’implique dans une relation d’aide et de partage de son expérience et de ses connaissances de la maladie, avec d’autres patients.
On a aussi le « patient-expert » en cancérologie qui accompagne des malades qui traversent le même cancer. Il prend le temps d’expliquer les différents protocoles et les comportements à tenir pour mieux vivre cette période d’extrême vulnérabilité.
Roulement de tambour, voici maintenant la « patiente-partenaire » en obstétrique. Grace à ses nombreuses lectures, sa participation à des ateliers de préparation à la naissance et autres, cette femme a augmenté ses connaissances et ses compétences en matière d’enfantement. Elle sait ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas. Elle se donne les moyens de prendre la responsabilité de ses choix. Déterminée et sereine, elle élabore son projet de naissance qui devient le projet de l’équipe médicale, qui va tout mettre en œuvre pour que ce projet devienne réalité.
Deux exemples précis
Vous souhaitez profiter de la gravité et du mouvement pour accoucher sans péridurale et accroupie ? L’équipe médicale va respecter votre choix et s’adapter.
Vous souhaitez accoucher par voie basse d’un bébé en siège ? L’équipe médicale va respecter votre choix et s’adapter.
En quoi ces deux exemples ont-ils un caractère « révolutionnaire » ?
En France, quand, dans une maternité « standard », vous exprimez que vous souhaitez accoucher sans péridurale, vous vous sentez la plupart du temps moquée ou stigmatisée « casse-pied ». Si en plus, pleine d’audace, vous osez émettre le souhait d’accoucher accroupie, vous entendrez le couperet tomber : « Ici madame ce n’est pas possible. Les protocoles de sécurité, bla-bla-bla… ». Dans ce refus où est invoqué la sécurité, on vous renvoie donc gentiment que votre souhait est celui d’une irresponsable.
En France : bébé en siège = césarienne
En France, quand vous avez un bébé qui se présente en siège, c’est devenu systématique : on vous fait une césarienne ! Et toujours, au nom de la sacro-sainte sécurité. Et pourtant je garde en tête les confidences de la sage-femme Laurence Cauvin qui lorsqu’elle accompagnait les accouchements à domicile, préférait ceux des bébés en siège, « plus doux » disait-elle.
Vivement que la révolution belge vienne chez nous
Alors oui, en conclusion, ce concept de patiente-partenaire est révolutionnaire parce que, sans lui, la femme qui veut être entendue dans son désir d’accoucher par voie basse d’un bébé en siège n’a plus qu’à partir à l’étranger. Oh pas très loin, quelques heures de train. Destination Bruxelles où Caroline Daelemans, vaillamment, a, elle aussi, bravé les résistances de ses collègues, pour le respect des femmes et de leur projet. Mais courage, ce n’est plus qu’une question de temps car je sais qu’il y a d’autres Caroline Daelemans en France. Il faut juste soutenir leur vaillance, elles aussi.
Pour en savoir + : Respect des femmes qui accouchent : bientôt toutes patientes partenaires ? by Marie-Hélène Lahaye
Source : https://universitedespatients-sorbonne.fr/
Article rédigé par Magali Dieux/Naître enchantés