Mon bébé et son vécu pendant cette « période Covid »

Après le choc et la brutalité du confinement, s’installe une nouvelle étape : « vivre avec le Covid ». S’installer dans un quotidien bousculé, où nos repères d’adultes sont instables, et nos perspectives incertaines. Voilà le nouveau challenge de la rentrée et de l’automne. Comment aider bébé à vivre cette période “Covid” ?

Devenir parent, c’est la découverte d’une nouvelle vie

Lors de cette période Covid, notre routine est bousculée. Nous devons apprendre sans cesse à nous ajuster à notre bébé. Et puis, s’ajoute à cette aventure, un contexte sociétal incertain, qui lui aussi nous demande beaucoup d’adaptation. Un défi qui se transforme parfois en épreuve.  

Et le bébé vit tout cela avec ses parents. Alors être attentif à son bien-être, soucieux de sa santé, le protéger des menaces, prend encore une autre intensité.

Que peut ressentir bébé et comment l’aider ?

L’enfant est très connecté à son environnement. Son cerveau immature lui permet de percevoir « l’ambiance » émotionnelle dans laquelle il vit, sans pouvoir en comprendre les causes. Il n’est donc pas équipé des clés de décodage qui lui permettent de donner sens à son ressenti. Il va donc s’appuyer sur ses parents pour y parvenir. 

Et quand des menaces extérieures viennent envahir l’environnement familial, une des grandes peurs du parent est de transmettre son stress à son enfant. Comme s’il le contaminait. Cependant, il ne s’agit pas d’une perfusion directe du stress du parent vers son enfant, mais plutôt d’une perception indirecte de l’enfant de la disponibilité ou indisponibilité de celui-ci. Si le bébé ressent son parent distant ou non attentif à ses besoins, il va pouvoir le manifester par des pleurs, mais aussi des difficultés d’endormissement ou des réveils nocturnes ou bien encore par des refus alimentaires

” Nous ne pouvons pas installer bébé, dans une bulle hors de la réalité, qui le protège de tout “

Il est d’abord essentiel de comprendre un des grands apprentissages de la parentalité : nous ne pouvons pas installer bébé, dans une bulle hors de la réalité, qui le protège de tout. Les parents aspirent pourtant tellement à cela. Juste un environnement serein, dans lequel rien ne viendrai perturber son équilibre. Nous sommes des être humains, traversés sans cesse par nos émotions. Et c’est grâce à elles, que nous avons conscience de nos envies, de nos pensées, de nos vies et de qui nous sommes. En faire abstraction est donc mission impossible. S’appliquer à rester neutre et ne manifester aucun mouvement émotionnel est donc inaccessible. 

Se construit ensuite un juste équilibre entre cette profonde aspiration à ne vouloir rien transmettre à l’enfant et son inverse : oublier que nos enfants sont de vraies petites éponges émotionnelles, qui ne sont pas en capacité de filtrer nos soucis quand ils prennent beaucoup d’ampleur. 

 ” Il est trop petit, il ne va pas s’en rendre compte” C’est faux !

Les disputes répétées, l’anxiété face à nos soucis matériels ou nos notifications répétées sur nos téléphone portables et tout ce qui vient nous assaillir, ils ne peuvent pas le comprendre. Il est alors facile de penser que son immaturité le protège de ces informations qui impactent son environnement, et parfois, cela nous arrange de le penser. « Il est trop petit Docteur, il ne va pas s’en rendre compte ».

Pourtant, cette affirmation est fausse. Nos bébés ont des capteurs très efficaces et perçoivent tant de choses. Et plus ils sont petits, moins ils sont équipés pour donner sens à ce qui se passe autour d’eux. Leur « cerveau de la raison », celui qui va passer par un raisonnement pour comprendre tout ce qui se joue dans son environnement, n’est pas câblé avant l’âge de 6/7 ans.

Notre responsabilité de parent passe donc par cette attention de l’environnement que nous allons lui offrir. Il y a les éléments sur lesquels nous pouvons avoir une action et ceux que nous subissions. A nous, adultes de trouver les moyens, y compris en demandant de l’aide, pour trouver cet équilibre dont nos enfants ont besoin. Le Covid nous rend la tache encore plus difficile. 

Alors comment rassurer nos bébés pendant cette période Covid ?

Imaginons-nous à leur place. A chaque instant, ils découvrent le monde. Chaque événement est une grande aventure, pour nos bouts de choux qui dépendent de nous pour tant de choses.

Imaginons nous plonger dans un univers nouveau, avec tout à explorer. Le parc, la nounou ou la crèche, le bruit, la lumière, les visages, la nuit, la nourriture…Il y a les petits curieux, qui ne semblent avoir peur de rien, et puis les prudents, qui ont besoin de temps pour s’avancer vers toutes ces nouveautés. Mais tous, au fond, ressentent souvent comme une menace de l’inconnu.

Ils ont besoin que nous les rassurions. Ils ont besoin de savoir qu’ils peuvent compter sur nous, pour les sécuriser. Pour cela, ils ont besoin de nos bras, de notre contact, de notre disponibilité, de nous sentir attentifs à ce qu’ils ressentent. Comme l’image du porte avion et du petit avion. Nous sommes là, pour qu’il trouve refuge, un havre de paix, pour pouvoir venir faire le plein de sécurité avant de repartir explorer le monde. Se poser, être accueilli, se lover dans des bras enveloppant et tendres, pour reprendre les forces de l’explorateur à la conquête du monde.

Apprendre à marcher, découvrir le langage, s’ouvrir aux autres, se plonger dans ces nouvelles aventures, tout cela lui demande tant d’énergie. Jamais dans toute sa vie, un être humain, fait autant de progrès et se transforme autant. En trois ans, il passe du petit bébé, totalement dépendant, à un petit bonhomme qui rentre à l’école. Quelle croissance et développement ! Il leur faut beaucoup d’énergie, de force, et de courage pour faire de tels progrès. 

Nous aussi, en ces temps troublés, où nous nous sentons menacés par cette crise sanitaire et économique, nous avons besoin de force et de courage pour assumer tous nos engagements.

Alors, cultivons, chaque petit instant de répit et même de joie, comme un trésor. Soyons attentif, à chaque petite bulle d’éclaircie comme un cadeau, qui nous ressource et rempli notre réservoir d’énergie. Un regard complice avec notre bébé pendant le change ou la tétée, un éclat de rire dans la maisonnée ou un sourire échangé avec la voisine, tous ces instants positifs semblent anodins, pourtant ils sont bien réels, dans ce monde en mutation. Alors nous serons un porte avion plus solide pour nos petits avions. 


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